La cage de verre

Voilà l’incroyable historie de Verne. Depuis tout petit il voulut découvrir l’espace, pour suivre les traces de son héros, Louis Gonzo. Il était connu pour avoir réussi l’impossible en ouvrant les voies du transport interstellaire pour permettre la construction de cités astrales dans l’univers.

Verne devint ainsi diplômé de l’académie internationale des pilotes de vaisseaux spatiaux. Il cherchait maintenant une compagnie pour l’embaucher, malgré sa maigre expérience en la matière. Il ne savait pas franchir une barrière de météorite ou encore atterrir dans ces grandes machines volantes aux ailes translucide. Des bombardiers qui acheminent eaux et nourritures aux multiples colonies sur les bases lunaires. Ces engins étaient féeriques : ils ressemblaient à des libellules jumelées à des baleines qui virevoltaient entre les étoiles. La capacité de ces vaisseaux était énorme : des milliers de personnes se trouvaient à bord. Ils reliaient la galaxie d’un bout à l’autre pour ravitailler les différentes fondations. Notre jeune pilote rêvait de rejoindre une telle flotte.

Il eut rapidement un entretien pour un poste d’assistant technique dans les passerelles de commandement. En effet rares étaient les débutants cherchant à partir aussi loin de la Terre. Malgré les avancés technologiques aucun monde nouvellement découvert ne proposait un confort équivalent à la planète mère de l’humanité. Et cela malgré de nombreuses tentatives politiques pour pousser les Hommes à quitter cet endroit. Car à la surprise des modélisateurs de tous bords, après les guerres thermonucléaires de 2034 et de 2076 les arbres purent enfin repousser. L’Armageddon n’avait pas réussi à détruire la Terre. La nature s’en remettait mieux et plus vite que les humains. Ces derniers cherchaient désespérément un système sociétal équitable et juste, car la soif de pouvoir faisait toujours des ravages. Beaucoup de citoyens avaient abandonné leur propre respect pour eux-mêmes. Certains n’étant que des zombies en marche automatique dans des zones de dépeuplement autorisées par le gouvernement mondial et sans intention de mettre de l’ordre dans le bordel laissé par leurs prédécesseurs. Ces guerres ont montré les limites du courant de pensée qui voulait détruire le vivant. Ses militants se retrouvant sans nourritures ou chaises pour s’asseoir, car ignorant de tout ce savoir-faire millénaire. Et les victuailles synthétiques n’avaient fait que détruire les estomacs et les âmes en les remplaçants par des robots, incapables d’élever le moindre animal vivant.

Ils durent se résoudre à reconsidérer la valeur de l’être humain, lui redonnant sa place dans le monde. Mais la société ne le comprenait pas encore. Car ceux qui la composait pensaient la destruction du monde réelle. Un mensonge ancré depuis des siècles, la vérité devenant l’ennemi du bien. Chacun se cachait dans une maison blanche pour cacher le sombre de leur existence. Les couleurs avaient disparu, de peur de se distinguer des autres. Et Verne avait grandi dans ce milieu-là.

Il ne savait pas que le ciel se reflétait dans le bleu de la mer, que le soleil illuminait la blondeur de l’épi de blé, et encore moins que ses joues rosies devant une belle femme signifiaient un amour naissant. Une émotion inconnue, car ressentir n’existait plus. Même la douleur, car chacun vivait dans un état de mal absolu. Sans jamais comprendre que la souffrance les prévenait du danger et des choses à changer dans une vie. Pour Verne c’est ce rêve de suivre les pas de Gonzo qui lui sauvait la vie. Il l’ouvrait à l’extraordinaire, l’extirpant de ce monde sans rien à expérimenter de l’existence. Sa seule réalité était l’espace. Si étrange que de devoir découvrir une autre planète pour pouvoir réapprendre à vivre en partant du néant absolu, d’une page blanche en quelque sorte.

Arriva enfin le jour de l’entretien. Et durant celui-ci Verne eut une drôle de révélation. Il vit son reflet dans la baie vitrée qui lui faisait face, dans ce grand bâtiment ouvert à toutes les lumières. Il vit ses yeux briller pour la première fois, jamais auparavant son miroir ne lui avait rendu tel regard. Ses yeux bleu-vert semblaient s’ouvrir au maximum, comme si la pellicule nacrée de son iris avait enfin vu la réalité. Il se transforma, son visage se figea face à son interlocuteur abasourdi devant ce spectacle inédit pour lui. La chaise de Verne rétrécit, sa tête toucha le plafond vitré de ce cube insipide et sans vie. Ses pieds se coincèrent entre les parois de la pièce. Le recruteur et ses deux collaborateurs hurlèrent d’effroi devant ce phénomène étrange.

 Mais que se passait-il ? D’un coup l’immeuble se brisa en mille morceaux. Les débris de verre se retrouvant à des km à la ronde. Les cris des employés émanaient du bâtiment, les gens s’accrochaient à leurs bureaux pour ne pas tomber de l’édifice. Les écrans d’ordinateurs tombaient de partout. Les journalistes du sensationnel et du scoop porteur de malheur arrivaient déjà sur place, avant les secours.

Que lui arrivait-il ? 

Verne était aussi terrifié que tous ceux qui le regardaient sans rien comprendre à la réalité qui les frappait de plein fouet.

 D’un coup il comprit. Il venait de sortir de sa cage de verre. Ses ailes se déployèrent, aussi belles que ces vaisseaux en forme de libellule. Il mutait, ressemblant à un ange. Ces êtres bannis de la vie publique et privée, car trop odieux de par leur nature de protecteur de l’humanité. Juste quelques livres d’histoires bien cachés gardaient le secret de leur existence.

Mais Verne venait de se réveiller, il était un ange et personne ne l’avait remarqué. Il marchait pourtant au milieu de tous, prit dans le même désespoir de ne jamais rien trouver de correcte pour sa carrière de pilote. Mais ce n’est pas un vaisseau mécanique qu’il devait conduire et mener vers l’au-delà et les frontières inconnues de ce monde. C’est lui qu’il devait mener au-delà des peurs en chassant les impuretés de cette manière de vivre. Celles qui obscurcissent les yeux, l'empêchant de voir ce qui se trouve derrière les craintes quotidiennes. Il comprit à cet instant bien précis qu’il devait informer tous ses concitoyens de son existence. 

Il était un fils de l’univers, de la Terre, des Hommes. A lui tout seul il représentait l’espèce humaine. Au fond de chacun se trouve un ange, il suffit juste de le voir en se regardant du plus profond de sa pupille, dans ce miroir qui ne voit que les imperfections. La perfection arrive de l’au-delà, loin des pensées sur le futur, le passé ou même le présent. La perfection arrive du temps prit pour se construire sans chercher la mort de l’humanité. C’est cela que Verne venait de découvrir.

Tout devint clair, il allait porter son message à la vue de tous sans un instant à perdre. Son vaisseau spatial ne transporterait pas de la nourriture pour l’estomac, mais celle qui aide à démarrer l’aventure humaine. Celle qui se trouve en chacun et pas au-delà des frontières de l’invisible pour un Humain. Verne devint un de ces grands mystères pour l’humanité, de ceux qu’on consigne dans un livre. Son aventure aura pu ouvrir les yeux de toute la planète sur le potentiel de chacun. 

Car en grandissant, ce n’est pas les murs du building de la compagnie de transport intergalactique qu’il avait brisé, mais son propre plafond de verre. Celui qui à présent va lui permettre d’aider le monde entier à en faire de même. 

Et comment ? 

En pilotant le plus beau des vaisseaux : le sien. Celui qu’il construisit pour mener la guerre à la couleur blanche sans saveur et à l’émotion interdite. Il épousa l’amour et embrassa l’espoir sur la joue pour permettre à l’univers de retrouver son seul et unique soleil. Celui qui ne brille que pour amener la paix aux Hommes. Car Verne en réalité était l’archange de la Paix, et son réveil allait maintenant ouvrir la porte au renouveau de ce beau monde, que nous appelions autrefois la Terre.

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