Les barons de la peur

Il était une fois la nuit d’Halloween. Cet étrange phénomène destiné à faire peur aux gens pour que surtout ils ne voient jamais les vrais démons qui courent dans les rues. Et pour une fois j’avais envie de vous effrayer pour de vrai en vous racontant l’histoire des barons De La Motte Aux Escargots.

Le dernier descendant de cette lignée était un noble personnage vivant aux crochets de sa mère. Une de ces vieilles baronnes des temps anciens où être aristocrate signifiait encore quelque chose. Elle avait construit un empire sur quasiment rien du tout, une motte aux escargots. Selon la légende familiale elle découvrit un élixir de jouvence en extrayant la bave de ces animaux immondes. D’ailleurs sur les photos représentant cette étrange dynastie personne ne savait reconnaitre la mère du fils, tellement ses membres  rajeunissaient d’années en années. Dans le village d’à côté, celui appartenant au baron De La Marche, on se posait le même genre de questions concernant cette aristocratie éternelle qui pourtant veillait sur eux.

La population constatait qu’aucun descendant n’avait vu le jour depuis des décennies. Depuis plusieurs générations il se disait que cette caste allait probablement s’éteindre avec le décès de leur deux derniers membres. Mais en attendant, les barons ne semblaient pas prêts de lâcher l’affaire, celle de la bave d’escargot de bien entendu.

Les jours tombaient de plus en plus vite en cette fin d’année. Même l’heure ne savait plus bien où se positionner pour parvenir à donner la bonne information aux montres de tout temps. Les gredins et les malandrins en profitèrent pour voler une vieille couronne dans le salon du baron De La marche d’à côté. Pauvre homme, lui qui la portait tous les Noëls pour asseoir son statut de souverain depuis des millénaires lui aussi, sans jamais avoir peur d’être mis à la retraite.

Il faut dire que les habitants de ce pays de la baronnie ne prêtaient guère attention aux affaires de notre belle aristocratie. Ils la laissaient se débrouiller avec ses problèmes, que ce soit la peur de vieillir ou encore celle de ne plus jamais retrouver une couronne pourtant promise à vie par son héritage patronymique. Cependant l’affaire prit un tournant beaucoup plus sérieux, car Halloween annonçait une nuit bien mystérieuse.

Certains craignaient affreusement qu’une flopée de petits bonhommes verts venus de l’espace viennent envahir les champs. En effet il était bien connu que cette fin octobre annonçait l’entrée dans la saison des enlèvements de toutes sortes. Et le crémier avait fort à faire avec une de ses vaches qui donnait à présent du lait vert.

Mais tout devenait encore plus étrange car le soleil d’hiver arrivait à grand pas pour la mi-novembre. Les feuilles disparaissaient de tous les arbres. Même les plus fiers spécimens tentaient de se donner une contenance au milieu des prés déserts de leurs sangliers, en recherche d’aventure dans la forêt voisine. Les chasseurs n’osaient même plus chasser la biche, car la baronne De La motte Aux Escargots leur avait interdit l’accès de ses terres. Elle menaçait le moindre contrevenant en lui promettant d’accrocher son trophée dans le dernier magazine sur la bienséance électorale à venir.

Mais que pouvait bien faire des élections dans cet affaire de vache, de sanglier et de chasse? En réalité une nouvelle échéance électorale s’annonçait au printemps. Il fallait élire le nouveau président de ce pays à l’aristocratie pourtant encore bien vivace. Et de toute manière un chef d’état devait maintenant faire cesser toutes ces histoires de peur qui circulaient dans les villages de la baronnie. Plus personne n’était épargné en se demandant pourquoi on ne pouvait jamais voir ces merveilleux escargots qui donnent tant de belles choses à leurs dirigeants. Mais comment un nouvel élu pouvait-il faire pour remédier aux problèmes du pays avec toute cette caste qui ne voulait jamais vieillir, ni donner sa couronne?

Il est quand même à constater que les électeurs ne se préoccupaient pas vraiment de cette situation. Ils pensaient que tout allait se régler de soi-même, pourvu que personne ne touche à leur argent durement gagné à l’usine de la vie. Et pour la vache du crémier, bien il en rachètera sûrement une autre et le problème sera résolu. Ses collègues fromagers se disant qu’il avait sûrement dû la perdre en cherchant sa chèvre disparue dans la colline.

Mais que d’énigmes dans ce pays étrange, sans que personne ne cherche jamais à comprendre ce qui se passe réellement. Même le plus doué des économistes ne voulait plus voir la nature s’alourdir, car il en avait mare de servir de bouc pour rassasier la folie de tous ces aristocrates en manque d’idée pour ne pas quitter leurs châteaux de pierres. Ces vieux parpaings complètement élimés au point de laisser passer l’humidité et la chaleur d’une population qui n’aimait absolument plus être ainsi transformée en extra-terrestre, pour se faire jeter de partout de la sorte.

En effet la guilde des crémiers se mit en grève pour alerter sur les enlèvements des vaches par des petits bonhommes verts, qui parfois les ramenaient complètement transformées en bête immonde. Du coup elles ne donnaient plus rien d’autre que de la morve au petit déjeuner, un peu semblable à celle des escargots.

Tiens en voilà une bonne question que se posa le détective de la région. Il était pourtant plus habitué aux meurtres et aux vols d’objets précieux, comme cette belle couronne qui ne fut jamais retrouvée. Ces deux affaires lui semblaient étrangement liées. Et si les voleurs de vaches avaient décidé de s’en prendre aux escargots de la baronne pour en faire une potion magique, afin de rajeunir une partie de la population. Pourtant ce n’est pas grave de vouloir garder tout le monde beau et sans rides, c’est plutôt une bonne idée. Sauf qu’en rajeunissant les bébés ne venaient plus au monde. Il y eut à présent une vague de mortalité soudaine dans beaucoup de pays. Les jeunes qui ne devaient pas vieillir se mettaient à attraper rides et diverticules géantes et les vieux qui voulaient mourir se retrouvaient en train de diriger les affaires. La baronne et le baron De La Marche avaient trouvé un accord. Ils allaient s’unir pour battre le candidat des crémiers à l’élection prochaine. En effet la guilde des paysans s’était joint à leur mouvement en proposant un homme bien sous tout rapport pour les représenter.

Mais qu’en était-il des habitants de tous bords? 

Ils s’en foutaient comme d’habitude, n’en ayant rien à faire du crémier, de la baronne et du baron tant qu’ils avaient de quoi manger sur la table du diner le soir.

Bon les querelles continuèrent à la télévision, dans les salles de fête et sur les champs de foire pour montrer qui était le plus apte à diriger ce pays. Ah j’avais oublié de mentionner que le dirigeant actuel était le fils de la baronne. Mais ce dernier ne pouvait plus assumer son rôle, car il avait trop mangé de lait vert du crémier du village. Son estomac se désintégrait à un rythme effroyable, surtout qu’il n’était plus en âge de vivre, tout comme sa mère. Mais heureusement la bave d’escargot ingurgité au quotidien en quantité astronomique l’aidait à garder la forme. Mais la baronne voulait l’éloigner du château, maintenant qu’il devenait complètement inutile à sa cause. Elle décida de l’enfermer dans un asile quelconque, loin de la civilisation et surtout à l’abris des regards indiscrets. Mais pourquoi cette décision soudaine? Ne l’aimait-elle plus ? Avait-elle vu quelque chose chez lui qui l’empêchait de rester au plus haut sommet du pays ?

Ça nous ne le savons pas encore, car notre bon détective mène encore l’enquête et d’une manière assez discrète pour ne pas se faire avoir par les services de renseignements de la baronne et du baron. Il parait qu’ils ont déjà fait taire un journaliste local qui parlait des escargots. Il expliquait dans un article que leurs cornes étaient bien étranges, car elles n’avaient ni yeux et ni entrain pour devenir une espèce à part entière. Une photo avait même circulé montrant l’élevage encerclé de flammes et de monstres ailées pour en garder le troupeau.

Le monde le traita de fou et il fut envoyé à l’asile pour y mourir entre un curé défroqué et une femme éléphant. Drôle d’endroit pour finir sa vie, mais les gens s’en foutaient tant qu’ils avaient de l’eau et du vin pour arroser les fêtes qui marquaient les temps forts de l’année.

Voilà que le candidat des crémiers se mit à tousser, il avait oublié de prendre ses pastilles contre la rhino-pharyngite et la bronchite. Mais heureusement son voisin le pharmacien lui donna une petite cuillère de sirop à l’anis pour l’aider à continuer ses discours de paix, pour que les vaches et les moutons ne se fassent plus enlever par des petits bonhommes verts.

La baronne eut une idée étrange pour faire taire cet opposant bien dérangeant, car beaucoup d’électeurs le trouvaient sympathique, authentique et différent. Il leur semblait idéal pour construire une nouvelle harmonie dans ce pays, sans bave d’escargot ni couronne éternelle. L’aristocrate prit un de ses gastéropodes fétiches et le laissa ramper au pieds d’une des vaches de notre candidat crémier. Il piqua de sa corne le sabot de l’animal et ce dernier tomba raide mort.

« Mais qu’est ce que c’est que ces défenses, ce ne sont quand même pas des sangliers , se dit notre détective. Ce journaliste avait peut-être bien raison.

Mais malheureusement dans sa douleur le bovin écrasa l’escargot dont il ne resta plus rien à autopsier au grand dam de notre enquêteur. En effet ce n’est qu’en voyant la petite coquille rougeâtre qu’il compris qu’il avait à faire à un gastéropode de la baronne. Il relut  discrètement l’article du reporter enfermé pour avoir osé dire que quelque chose clochait dans la cour de l’aristocrate qui ne vieillissait jamais.

Mais comment utilisait-elle son élixir de jouvence composé de cette bave immonde? Est-ce qu’elle le buvait ou le mangeait en ragout ? Le détective se posait de plus en plus de questions. Ne sachant même plus si tout cela était réel, car les décorations d’Halloween lui donnait la chair de poule. Surtout les escargots aux yeux lumineux et oranges qui ornaient l’allée de la mairie où exerçait l’ami de la baronne, son amant en quelque sorte. Enfin c’est ce que tout le monde pensait, car il passait la majeure partie de son temps au bras de cette femme sans âge et bien étrange. Cependant elle lui avait promis la vie et la place de maire pour toujours, sans craindre une fausse note à l’élection. Elle savait que jamais personne n’oserait se mettre en travers de son chemin, elle l’aristocrate de haut rang qui savait comment gérer un élevage d’escargots et surtout un troupeau de mouton.

Oui, car non seulement elle tirait sa fortune de la bave d’escargot mais également du tissage de la laine de mouton. Une espèce tout aussi spéciale, elle datait de l’époque des rois de la nouvelle frontière au nord. Là où les méchants envahisseurs mirent en place un siège hallucinant pour imposer leur vision de la nourriture.

« Mais qu’est ce que c’est que cela encore ? », se disait le détective en lissant ses belles moustaches coupées à la perfection. Il aimait bien le ragout de moutons aux carottes extra-fines avec une bonne liqueur de vin rouge à la clef. Mais là tout devenait confus. La baronne ne voulait plus que les habitants mangent autre chose que ses escargots et ses moutons. Elle vantait leur vertu exceptionnelle pour aider la population à retrouver la forme après une longe journée de travail aux frais de la belle usine de vélomoteur du coin. Celle que possédait le baron De La Marche. Il vendait ses engins au moindre passant pour qu’il ne lambine plus dans la vie, l’empêchant ainsi de flâner au milieu de la forêt ou d’aller rendre visite à la vieille tante Anita qui habitait pourtant de l’autre côté de la rue. Bref un véritable dédale de baron que cette histoire! Ils ne savaient plus quoi faire pour embêter leur monde.

Ils eurent ainsi l’idée de retarder un peu les élections, car le pauvre représentant des crémiers avait maintenant une pneumonie qui lui donnait des quintes de toux la nuit comme le jour. Il était tout pâle et sans allant. Dans leur extrême bonté le baron et la baronne lui proposèrent de veiller sur lui et sa santé en l’aidant à payer les frais de l’hôpital de la Charité. Un bel édifice se situant à la jonction entre les deux communes et  construit par nos chers aristocrates pour aider les familles à soigner leurs enfants durant les longs hivers. En effet le froid et le manque de lumière les empêchaient de se guérir du moindre virus passant par là.

Encore un mystère se dit notre détective. Mais pour les habitants cela était plutôt normal, tant qu’ils n’avaient pas besoins de payer des soins si chers d’habitude, lorsque la morve arrive au nez de leurs rejetons.

Mais tout allait s’accélérer dans ce conté De La Motte Aux Escargots. Il parait que le vilain petit canard venait de naître et qu’il  allait provoquer un bordel incommensurable dans cette basse-courre du n’importe quoi.

Une énième fois la baronne s’alliait au baron pour lui demander de bien vouloir la soutenir dans son action pour mettre un termes aux candidatures spontanées, qui se déclaraient en pagailles pour la défier le jour de l’élection. Elle n’avait plus envie de se battre, tout le monde devait bien savoir qu’elle était la seule et unique personne capable de subvenir aux besoins de  ses habitants. Sans elle ils mourraient tous de faim et de peur.

Mais voilà la mort par apoplexie du représentant des crémiers avait fait germer le doute sur la nature du sirop contre la toux de notre bon pharmacien, si prompt pourtant à conseiller la veuve et l’orphelin dans leur déboires habituels. Il faut dire que beaucoup d’hommes disparaissaient. On ne savait plus bien où en trouver pour effectuer les travaux des champs et relever la garde de nos barons. Même eux se disaient qu’ils avaient peut être fait une erreur en ne valorisant pas assez le muscle et la bonne forme du soldat. Il regrettaient à présent de ne pas l’avoir nourrit avec autre chose que de la bave d’escargot ou encore du mouton frelaté à la mauvaise bière sans alcool et sans houblon. Ils les avaient abreuvé de cet élixir à la bave d’escargot qui devait les préserver du moindre doute concernant l’hégémonie de la baronne et de son cheptel de jeunes gens à son service. Mais notre vielle bonne femme, car c’est ce qu’elle était en réalité devenait de plus en plus aigrie. Elle perdait la boule à force de ne plus savoir comment garder son influence sur un monde en train de changer, car de plus en plus hermétique à sa théorie sur l’équilibre entre elle et le baron d’à côté. Ces deux là devenant même un danger pour une bonne partie des citoyens qui se réveillaient enfin à la supercherie.

Ils n’en pouvaient plus de travailler pour rien, car même le choux ne poussait plus au centre de ces champs de l’infortune et du malheur permanent. En outre les graines devenaient introuvables pour nourrir les poules et semer les carottes et les salades de la saison prochaine. Mais comment allaient-ils faire pour survivre. Les enfants mourraient car les hôpitaux ne trouvaient plus le sirop contre la toux que la mort du crémier en chef avait fait retirer du marché.

Mais que ce passait il donc à présent dans ce royaume qui pourrissait plus vite qu’une pomme au pied de son arbre. Les champs s’asséchaient, les rues se remplissaient de moutons enragés et les vitrines de Noël ne ressemblaient plus qu’à une valise de départ en vacance pour fuir ce lieu maudit.

« Ah Ha “maudit“ ! » Voilà le terme que notre détective avait omis de relever dans ce vieux livre parlant des escargots et de leur bave exaspérante. A la fin de l’ouvrage il était fait mention d’une espèce rare et très dangereuse, l’escargot aux cornes sans yeux et aussi dures qu’un tête de bouc. Il chercha un moyen de se débarrasser de ces bestioles sans passer pour un hurluberlu ou tout simplement se faire arrêter par les sbires et les pantouflards au service de la baronne. D’ailleurs pourquoi son fils ne se représentait-il plus  aux élections. Bien il avait peur!

Mais peur de quoi, ça personne ne le savait encore, mais le détective commença à se douter de quelque chose.

Il prit une arme particulière dans la vieille malle que son son grand père chasseur de fauves et surtout de vampires lui avait légué. Il s’agissait d’une épée à trois côtés : un pour blesser la bête, un pour montrer son vrai visage et le dernier pour l’achever d’un coup fatal.

Armstrong, notre détective se prépara à faire le nécessaire car il n’avait besoin de l’autorisation de personne pour faire revenir la paix et la vérité sur son beau territoire à lui aussi. Il mit en berne le drapeau de la quiétude dans sa vie et marcha vers l’aventure, la vraie. Celle qui devait le délivrer lui et ses petits enfants qu’il aimait par dessus tout du mal ambiant. Ainsi la nuit tombée il décida de se rendre chez la baronne pour lui enlever les pleins pouvoir sur la ville.

Il réussit à se faufiler entre les mailles du grillage qui marquait l’enclos des escargots. Clôture sommes toute assez fine, car dans sa suffisance cette aristocrate éternelle ne se douta jamais que quelqu’un viendrait l’affronter sur son propre terrain pour s’en prendre à sa propre fortune. Ces petits escargots inoffensifs à première vue étaient pourtant de la pire espèce. Armstrong en avait une illustration dans ce vieux grimoire légué par son aïeul. Ces animaux ne toléraient pas que les familles des barons ne les nourrissent plus de leur semence préférée. La lune devenait parfois leur ennemi le plus mortel, car sa clarté pouvait les aveugler. Le soleil n’étant d’ailleurs plus leur priorité maintenant qu’ils avaient assombris l’âme de tous les habitants de la planète.

Mais comment tout cela avait-il bien pu arriver ? :

Un jour le baron de la Motte Aux Escargots qui vécu il y a plus de deux siècles de cela se sentit investi d’une mission bien curieuse. Il se mit en tête de garder les siens sous contrôle pour qu’à leur tour ils contrôlent le monde entier. Il n’avait vraiment pas besoin de cela pour se faire aimer de ses petits enfants, des blagues et des contes au coin du feu auraient suffit. Mais non ił voulut être le plus puissant des hommes, ne jamais perdre la main sur notre planète, car il se devait d’y régner en maitre. Mais comment faire lorsque le corps se meurt au bout d’un moment ? Et c’est là qu’il trouva le plus vil des escargots, celui à la corne pointue et à la langue aussi acérée qu’une vipère mortifère. Il lui demanda de lui venir en aide en échange de tout ce qu’il voulait. Bien il aurait mieux fait de s’abstenir, car la bête désirait qu’on la nourrisse sans fin avec les enfants des autres. Ceux qui n’avaient aucune utilité au baron pour poursuivre ses petites affaires. Les gastéropodes exigeaient de les manger en entier, tout cru, cuit ou encore en ragout à chaque repas de la journée.

"Mais quelle horreur !"  Se dit notre détective lorsqu’il lu cette terrible légende surlignée en rouge dans le livre des chasseurs de vampires de son grand père. « Il avait donc raison lorsqu’il me disait de ne jamais m’approcher du moindre baron sur la route. Et encore moins de monsieur le maire, car il était payé très cher pour ramener les belles âmes nouveaux nés qui décédaient en couche ou dans l’hôpital de la baronnie de droite et de gauche. »

C’est pour cela que ce vieux curé fut mis à l’asile. En effet, il fut témoin de ce traffic d’âme avant même qu’il ne put baptiser le moindre enfant pour le préserver du malheur, comme le voulait la tradition. Il dut se résigner à être diffamé pour ne pas mourir sous les coups de l’escargot lui même. Celui qu’il trouva un jour dans son lit à son réveil sous la forme d’une plantureuse jeune femme. Il mourut dans la peur comme ce journaliste qui avait découvert toute cette histoire.

Mais notre détective avait un bel avantage, il savait comment défier la bête et ses minions. Son grand père lui avait légué des gênes extraordinaires, ceux du respect et de la tâ@che noble de protéger les siens du danger et de la fourberie.

Muni de son épée et de sa veste pour affronter le danger il se retrouvait maintenant au milieu de cet élevage d’escargots à corne. Il brandit son arme vers la lune, belle et pleine ce soir là. Car elle est d’une aide incroyablement importante pour ne pas sombrer dans la folie, durant le long combat pour récupérer la véritable paix sur son monde. Contrairement à celle imposée par une baronnie sans foi, qui pense être à l’abris de tout sous son masque de la bienséance tronquée. Celle qui ne fait qu’accélérer la mort des belles âmes pour nourrir tous les escargots à cornes de ce monde.

Ainsi l’épée se para d’une couleur bleutée et réfléchissante qui aveugla les gastéropodes au point de les rendre fous. Ils couraient à droite, à gauche et se cognaient au centre pour finir par se battre et s’entredéchirer du plus violent des combats. Notre détective n’avait pas grand chose à faire, à part les observer se tuer et de la plus vil des manières. Ils s’accusaient entre eux d’avoir manger le repas de l’autre, d’avoir noyé la mère du copain et d’avoir crée une coalition contre son parti de la luxure à tout prix et ainsi de suite jusqu’à l’arrivée de la baronne. Elle apparut complètement défraichie, sans une once de peau sur le visage ressemblant à un de ces squelettes que la fête d’Halloween expose pour faire peur à ces mêmes enfants. Et c’est ce qu’elle était, une sorcière de plus dans ce monde éhonté face à la bêtise de survivre à tout prix à sa destiné. Elle était née pour  vivre et non pour ne pas mourir tout en aspirant jeunesse et belles âmes à ceux qui viennent au monde.

Notre détective sut qu’en coupant la tête de la bête, le soleil reviendrait éclairer son beau petit pays. Il sauta donc sur la baronne, lui cassant tous les os de la nuque d’un seul coup franc et bien mené. Elle tomba sur le sol et devint poussière, mais une ombre noire et terrifiante s’échappa de cette harpie. Cependant la lune n’avait pas dit son dernier mot, elle se servit encore une fois de l’épée d’Armstrong pour brûler la noirceur de ce nuage de haine. Enfin le soleil put à nouveau arriver jusqu’à la terre, car depuis des années et des siècles même ce dernier n’était plus lui-même. La baronne lui avait interdit de briller, le voilant de ses plus beaux subterfuges pour le rendre beau. Il n’était que mensonge en promettant la lune à qui voudrait bien croire en ses sornettes sur la pluie qui noie et la chaleur qui brûle pour l’éternité. L’astre solaire allait à nouveau éclairer le printemps de ses couleurs de renaissance. Mais il allait surtout faire taire l’automne, dont les récoltes n’étaient plus que mensonge pour punir les humains de n’avoir rien vu du complot de la baronne et de son voisin de gauche. Ces derniers n’amenant que de la discorde dans le monde, pendant qu’ils dirigeaient le tout au grand bonheur de leurs ventres énormes et de leurs plaisirs inavoués pour la déchéance de l’âme.

Mais ce qu’ils avaient oublié c’est qu’il ne fallait jamais priver les habitants de tout. En effet ils n’eurent plus rien pour rester sagement à leur place. Ainsi au lieu de demeurer assis dans leur malheur, ils se levèrent, puisque de bonheur il n’y en avait plus aucun à la table du souper le soir, car même la télévision et le journal quotidien ne leur donnaient plus l’espoir d’être vivant. Il durent se résoudre à mourir une bonne fois pour toute, pour effacer la baronnie de leur monde. Et notre détective eut une idée formidable.

Il prit la colombe de la paix et la posa sur une des tours du château de cette aristocratie complètement défraichie et sans le sou. Ils étaient ruinés, car tous les escargots avaient disparu de cet élevage impossible à maintenir en l’état. Toutes les bêtes avaient été achevées de la lumière de la lune avec l’aide de son chevalier servant Armstrong, qui d’un coup devint une sorte de héros mondial. Il put néanmoins compter sur la bonne ambiance familiale pour ne pas sombrer dans la mégalomanie de son art, maintenant  enseigné de partout.

Des écoles de paix et de vigilance face aux escargots à cornes se créèrent à travers la planète. Elles rendaient les familles attentives aux mensonges et surtout aux masques que pouvaient porter les barons autoproclamés défenseurs du peuple. Car ce dernier n’a besoin de personne pour se sauver, ne dit-on pas que c’est lui qui fait ses rois et ses dirigeants.

Beaucoup de survivants étaient encore faibles et épuisés par tant de mensonges à avaler et à digérer. Ils nécessitèrent de l’aide pour guérir enfin de la stupeur de ce monde, qu’ils pensaient bienveillant pour eux et pour redevenir à présent des êtres forts et capables de distinguer le vrai du faux.

Les hôpitaux se transformèrent en lieu de parole et de soins différents. Le guérisseur du passé permettait aux âmes de retrouver leur dignité. Le chirurgien reconstruisait des visages abimés par le peur de ne plus savoir qui ils étaient face à ce miroir de l’indifférence à sa propre vie.

Il était donc l’heure de sonner le rappel des troupes sur cette terre en pleine reconstruction, pour ériger de nouvelles cathédrales. Celles de la lumière bleue et jaune lorsque enfin la lune et le soleil se retrouvent à nouveau pour éclairer de leur amour inconditionnel une belle humanité. Et elle se soigne à présent en s’appuyant sur les vieux grimoires bien utiles et plein de bon sens de notre cher Armstrong, surtout qu’il ne fut pas le seul.

D’autre baronnies se manifestèrent en tuant les escargots de l’infertilité et du désespoir sur leurs terres par le même truchement. Ce savoir qui leur avait été confisqué, celui que les anciens leur transmettaient ainsi pour les rendre attentifs aux monstres. Car lorsque Halloween paraît, les masques se confondent avec la réalité. Il est donc temps que cette fête redeviennent une tradition à part entière et non une fête du quotidien où les hommes et les femmes se confondent avec les monstrueuses bêtes à corne de cette baronnie qui va devoir céder sa place. En effet son temps n’aura que trop duré.

Et pour cela Armstrong et tous ses descendants allaient y veiller sans jamais baisser la garde, car on ne sait jamais par où le mal arrive. Il est souvent dissimulé dans la plus douce des personnes, lorsque la peur empêche l’âme de distinguer le vrai du faux.

 

 

 

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